SANTÉ MENTALE

SANTÉ MENTALE

DU BOUC ÉMISSAIRE COMME SYMPTÔME

Comprendre et prévenir les dysfonctionnements de notre société en termes de santé mentale repose essentiellement sur la reconnaissance des phénomènes de bouc émissaire. Les discriminations au sens de la Loi ne recouvrent qu’une partie infime du phénomène, celle qui est visible et éventuellement prouvable, autrement dit la partie émergée de l’iceberg. D’autre part, notre société est en crise, et cela a des répercussions en termes de violence contre soi ou l’autre. Dans toutes les périodes de crise de notre histoire, l’insécurité et la peur grandissent, et on voit justement augmenter un phénomène aussi vieux que l’histoire de l’humanité : la désignation de boucs émissaires, sans que cela ne soit diagnostiqué, encore moins traité et donc rarement prévenu lorsqu’il se reproduit.

En se basant uniquement sur un axe de prévention du suicide, ce dernier est l’équivalence symbolique sur le plan psychique de ce que représente un phénomène de bouc émissaire sur le plan social : harcèlement, jugement, mépris, moqueries, honte et humiliation sont autant de catalyseurs d’un déni de souffrance qui mène invariablement à une violence contre soi (suicide, addiction, risque sexuel,…) ou contre les autres (violences de toutes sortes, par escalade ou pour se prémunir de subir le même sort, mais aussi tentation de radicalisation voire amok).

Ces phénomènes s’accompagnent d’une vulnérabilité sans précédent de l’identité masculine, avec comme conséquence des violences redoublées contre tout ce qui est qualifié de « féminin », violence que les hommes retournent aussi contre eux-mêmes. Nos politiques juridiques, sociales et familiales ostracisent souvent ceux qui s’écartent de la norme, dénient les différences qu’elles ne comprennent pas et ne tolèrent que celles et ceux qui acceptent de s’intégrer. De plus, elles sont particulièrement discriminantes en ce qui concerne l’expression sensible de la masculinité. La résultante est l’absence de modèle de paternité tendre et assumée, modèle accessible de « masculin sensible » pour nombre de jeunes qui en sont dépourvus au quotidien, seul véritable allié de la libération du féminin.